La santé des femmes au travail

La lutte des femmes pour leurs droits, pour une meilleure équité et une plus grande égalité est de plus en plus mis en avant. Si les questions salariales sont souvent mises en avant, à juste titre, la problématique de la santé des femmes reste souvent mise de côté. Pourtant, les femmes ne sont pas toujours des Hommes comme les autres et elles demandent parfois des traitements spécifiques en terme de prévention, de reconnaissance et de santé.
Quid de ces petites inégalités du quotidien.

Une meilleure santé que les hommes ?

Les femmes ont une espérance de vie supérieure à celle des hommes, cela est bien connu. Pourtant, si l’on considère l’espérance de vie en bonne santé (c’est-à-dire sans sans incapacité partielle ou totale), l’écart se réduit nettement : alors que les femmes vivent en moyenne 6 ans de plus que leur homologues masculins, elles ne profitent que de dix mois de plus en bonne santé. Elles vivent donc plus longtemps avec des incapacités et se retrouvent généralement isolées au moment où elles ont le plus besoin d’accompagnement médical.

Si les femmes prennent plus soin de leur santé, leurs comportements à risque ont également tendance à se rapprocher de ceux des hommes.

Par ailleurs, les différences d’espérance de vie tendent à diminuer depuis les deux dernières décennies, celle des hommes augmentant plus vite que celle des femmes. L’homogénéisation des pratiques sociales et des comportements à risques expliquent en partie ce rapprochement. Alors que le tabagisme masculin diminue très fortement, celui des femmes est en pleine stagnation. Un constat similaire peut être fait notamment pour la consommation d’alcool. Des pratiques qui étaient auparavant réservées aux hommes se généralisent entrainant une augmentation de la prévalence de certains cancers et des maladies cardiovasculaires pouvant, à terme, favoriser une croissance de la mortalité prématurée féminine.

Les inégalités salariales pesant sur la santé

Pour un même poste, les femmes sont contraintes d’avoir plus de diplômes et d’être plus qualifiées.

Les femmes travaillent toujours dans des conditions moins favorables que les hommes. A compétences égales, elles continuent à percevoir des salaires inférieurs et sont plus souvent dans des emplois précaires. En moyenne, les femmes gagnent 18,6% de moins que les hommes en France (en Europe, 16% de moins). A poste égal, cette différence aurait tendance à se réduire cependant pour y accéder les femmes doivent être plus diplômée, avoir plus d’expérience et être généralement plus qualifiée que leurs homologues masculins. Elles sont plus souvent éloignées des postes de cadres de direction et de la gérance des entreprises. Elles sont donc plus facilement soumises à des conditions de travail stressantes, psychologiquement lourdes (manque de reconnaissance, pressions supérieure, moindre possibilités d’évolution…) qui ressurgissent nécessairement sur leur santé.
Près de la moitié des femmes occupent des emplois à temps partiel contre 15,7 des hommes. Il représente l’un des éléments principaux de la précarisation des femmes en emploi notamment lorsque ce temps partiel n’est pas souhaité. Elles contribuent également à l’essentiel du travail non rémunéré. De même, elles sont exclues plus souvent du marché de l’emploi après 50 ans. Ces éléments tendent à augmenter la préconisation des femmes : les dépenses de santé sont alors implantées par ces difficultés financières (report de prévention…).

Une vision biaisée sur les femmes au travail ?

Lorsque les femmes déclarent des incapacités ou des maladies du travail, on considère plus facilement que leur vie personnelle est responsable.

Si les femmes ont tendance à prendre mieux soin de leur santé, elle la perçoivent de manière plus négative que les hommes. Elles déclarent plus souvent des limitations fonctionnelles et sont souvent moins écoutées, moins souvent prises en compte et leur douleur est parfois largement minimisée.
Alors que près de 2/3 des demandes de reconnaissance en incapacité permanente des hommes sont acceptées, moins de 10% de celles des femmes reçoivent une réponse positive. De même, les taux d’incapacité reconnus sont généralement plus faibles chez les femmes. Plusieurs facteurs juridiques et non juridiques interviennent : médicaux, pratiques sociales, stéréotypes, production scientifiques sur la santé au travail, … Les hommes occupent des emplois où les risques sont immédiats et visibles alors que les femmes son soumises à des mouvements répétitifs… de manière plus invisible. Certaines pratiques sociales marquent ces inégalités d’emploi : une moindre surveillance et prévention entoure le travail des femmes tout comme la traçabilité spécifique de leur exposition professionnelle. De même, lors de leurs demandes, les femmes sont plus suspectes que les hommes : on considère plus facilement que leurs occupations personnelles (enfants, organisation de la maison…) sont responsables de leur maladie ou de leur incapacité.
Il existe très peu d’actions de prévention ciblées pour les femmes. Or, il a déjà été démontré qu’elles subissaient des conséquences spécifiques : fatigue chronique, sensibilité aux odeurs, hypersensibilité aux produits chimiques, ménopause précoce, fribromagie, stérilité, altération thyroïdienne, cancer du sein

Femmes et risques psychosociaux

Les femmes sont plus souvent présentes sur des postes avec une forte charge émotionnelle, un stress spécifique dû à l’accueil du public…

Jusqu’aux années 2010, la majorités des études sur le travail étaient réalisées masculin neutre en tenant compte de normes implicites masculines. De nouvelles études genrées permettent de mettre en valeur les évolutions du marché de l’emploi. En effet, si les hommes se placent dans des emplois plus dangereux, il semblerait que les femmes soient plus exposées aux risques psychosociaux. 31% d’entre elles (contre 27% de leurs homologues masculins) déclarent subirent du stress au travail. Ceci s’explique en partie par l’aspect genré du marché du travail : les femmes sont majoritairement employés dans l’économie tertiaires et dans des emplois d’aide ou de commerce. Elles sont donc plus touchées par les exigences émotionnelles (contact avec le public, situations de tension au travail, situation de détresse à résoudre, peur au travail…). Souvent moins soutenues par leurs entreprises, voire par la société, les femmes se déclarent plus souvent en situation de souffrance. Outre les facteurs de risques professionnels, les femmes sont également plus touchées par les syndromes dépressifs. En effet, elles ont un risque de connaître un épisode dépressif 1,4 fois à 2 fois supérieur aux hommes.

Alors que les gestes de prévention au travail sont généralement construits sur des risques visibles et mesurables, les besoins des femmes sont beaucoup plus profonds et invisibles : meilleure reconnaissance, réduction des temps partiels non souhaités, plus de sécurité émotionnelle et meilleure soutien en palliatif des exigences émotionnelles… Si la santé des femmes dans le monde du travail n’apparait pas encore comme un élément essentiel de la politique de prévention, elle devrait, très certainement, le devenir dans les prochaines années.

 

2018-05-28T18:35:30+00:00 juin 5th, 2018|0 Comments

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