Ne plus vouloir tomber amoureux, ne pas se remettre d’une perte, s’éloigner des autres… La tristesse est le symbole de l’obscurité et du repli sur soi. D’ailleurs, qui n’a jamais caché sa mélancolie évitant ainsi de parler ou de ne pas inquiéter ? Pourtant, le chagrin est une émotion « amie » qui peut être d’une grande aide dans la vie quotidienne.
La tristesse survient lorsque nous sommes privé de quelqu’un ou de quelque chose à laquelle nous tenons. Son ampleur dépend de l’attachement à l’objet de cette perte. Au court des siècles, le chagrin nous a permis d’apprendre à éviter les situations qui le provoquent en s’améliorant ou en cherchant à transformer le monde qui les entourent. Il est aussi une protection contre la violence en attirant l’empathie. Facile à reconnaitre (sourcils arqués, bouche tendue, larmes…), la tristesse nous amène à vouloir aider et protéger la personne souffrante.
L’affliction marque la fin d’une situation et permet d’en faire le deuil afin d’ouvrir une nouvelle page. Prenez ce temps comme un cadeau pour réfléchir à vos besoins, vos objectifs…
La tristesse entraine souvent un repli sur soi.
Un renfermement sur soi
Lorsque nous sommes tristes, l’énergie se concentre sur le centre du corps comme pour protéger les organes vitaux et amène à se renfermer sur soi. Certaines personnes décrivent un poids dans la poitrine ou dans le ventre, une « boule » lourde qui poussent à se recroqueviller.
La tristesse contraint à ralentir en diminuant la capacité de mouvement et impose un temps nécessaire pour se centrer sur ses besoins primaires. Les témoignages de personnes endeuillées concordent : il faut prendre son temps pour retrouver ses habitudes et le goût à la joie. Petit à petit, il devient plus simple de reprendre son élan et le contrôle de son émotion.
La tristesse bonne pour la santé
Des scientifiques écossais et américains pensent qu’un trop grand recours à des soins médicamenteux empêcheraient les patients démoralisés de se remettre en question et de grandir émotionnellement. Le chagrin aiderait à modifier sa vie pour l’améliorer. Nous apprenons de nos erreur afin de ne pas les reproduire. Par exemple, après une rupture difficile, dans quelle mesure cherchons-nous à ne pas reproduire les mêmes erreurs? La déprime et le découragement nous ramènent à ce qui est important pour revenir à l’équilibre d’avant. Ainsi, le chagrin peut être considéré comme un baromètre permettant de connaître la valeur des éléments qui nous entourent.
La mélancolie est aussi un temps d’arrêt visant à reprendre de l’énergie et à se délester de ses attachements. C’est le temps du deuil, le point final qui permet de dépasser une situation. C’est également le point de départ de quelque chose de nouveau. Elle donne la possibilité de changer les choses en offrant le temps nécessaire pour retrouver de l’énergie.
Mais connaissez-vous le rôle social de la tristesse? Elle attire l’attention et la sympathie d’autrui et protège de l’agressivité des autres. Elle attire l’attention ou la sympathie d’autrui et réduit l’agressivité et l’agitation d’une grande partie des personnes violentes. Avoir vécu un épisode de tristesse rend plus compréhensif et attentif lorsque l’un de ses proches en subit un également. Ces expériences nous rendent de meilleurs conseils « à froid » et nous permettent de mieux assumer les instants chargé de tristesse chez soi ou chez les autres.
Rien ne sert d’éviter sa tristesse. Tant que l’on a pas fait le deuil de la situation et pris le temps nécessaire pour soi, elle peut revenir ou prendre des formes déviées.
Inégalités face aux émotions
Dans quelle meusre les femmes et les hommes n’expriment-ils pas leur tristesse de la même manière ? Nombreux s’accordent à dire que les premières révèleraient plus facilement leur chagrin à travers des larmes et des mots alors que les second auraient tendance à cacher leurs émotions.
Nos sociétés acceptent plus facilement la tristesse des femmes que celle des hommes. En effet, des anthropologues ont remarqué que la manière dont les groupes nomment la tristesse est révélatrice de leur organisation et de leurs rapports sociaux. Ainsi, de nombreuses sociétés découragent l’expression de la tristesse en public notamment chez les « males » dominants. Au contraire, la tristesse des femmes peut être valorisée car elle conduit à plus d’entraide et d’empathie.
D’autre part, le chagrin n’active pas les mêmes zones cérébrales chez les hommes et chez les femmes. Les premiers stimulent une partie modeste de leur amygdale et de leur cortex frontal alors que les secondes ont une activité cérébrale plus étendue, répartie dans les deux hémisphère et se rapprochant de la zone du langage.
Une émotion parfois difficile à supporter
Avec des vécus, des tempéraments et des expériences hétérogènes, chacun gère son émotion différemment. Certains auront tendance à être très actifs pour oublier leur chagrin alors que d’autres vont rentrer dans leur caverne intérieure. Dans les cas, la tristesse est reniée, refoulée.
Alors que la tristesse attire souvent compassion et entraide, elle peut aussi être source d’incompréhension sociale. En effet, une tristesse mal exprimée ou qui s’installe durablement a tendance à cristalliser les tensions et à éloigner les proches. A l’inverse, les personnes qui refoulent systématiquement leurs sentiments sont souvent perçues comme froides et hautaines. Elles peuvent avoir des difficultés à montrer de la compassion. A terme, dans les deux cas, la mauvaise gestion de cette émotion peut conduire à un isolement social.
La tristesse, lorsqu’elle n’est pas acceptée ou qu’elle persiste à un degré critique peut également conduire à la dépression. Alors que le chagrin est une émotion normale, la dépression est un trouble pathologique qui entraine un état durable, tenace et intense. Souvent accompagnée de d’une dévalorisation de soi, la dépression renvoie à plusieurs émotions négatives (colère, tristesse, peur…). On a alors une triple vision négative : d’abord de soi (sentiment d’infériorité), de l’avenir (pessimisme persistant) et du monde (perçu comme trop dur et injuste). La dépression est une maladie qui a des conséquences sur la santé des patients puisqu’elle entraine des troubles de l’appétit et du sommeil et qu’elle peut réduire le système immunitaire. Elle a aussi un fort retentissement social puisque les malades ont tendance à s’isoler et à se replier sur eux-mêmes. Pour en sortir, il est primordial de se faire aider par des professionnels de santé.
Prendre soin de son émotion
Apprendre à se servir de ses émotions plutôt que de les subir permet d’avancer plus facilement.
Accueilliez votre émotion et respectez la
Elle vous passe un message, celui de votre besoin de compassion envers vous-même. Par la suite, plongez dans le chagrin pour le regarder sous toutes ses facettes (vos ressentis, vos pensées associées…). Parlez vous avec les mots que vous aimeriez entendre. S’autoriser la tristesse est déjà un premier pas.
Prenez le temps qu’il vous faut
Prenez votre temps, pas celui qui vous est donné ou demandé, celui qui est le votre selon vos ressentis, vos besoins et vos émotions. Respectez-vous et agissez en fonction de ce qu’il se passe en vous. Ce temps est nécessaire pour réfléchir et pour vous renforcer. Il vous permet de sortir grandit. En prenant également soin de votre corps, vous pourrez plus facilement résister à la tristesse et/ou vous remettre plus rapidement.
Continuer à agir et à prendre du plaisir
Continuez à faire des choses que vous aimiez avant, qui vous faisait du bien. Même si cela paraît impossible (notamment durant des périodes de deuil) une activité, même réduite, est bénéfique pour vous aider à avancer et pour maintenir votre santé. Essayez de prendre du plaisir dans les activités que vous faites. Si ce n’est pas le cas, ne vous en voulez pas.
Exprimez-vous et osez demander de l’aide
L’expression de la tristesse permet de prendre du recul face à la situation. Parler peut faire du bien et aider à mettre de l’ordre dans ses idées. Lorsque la tristesse est trop lourde ou qu’elle s’associe à d’autres émotions négatives, n’hésitez pas à demander de l’aide. Vos proches d’abord puis des spécialistes pourront vous accompagner durant cette période.
Reconnaître le visage de la tristesse
Savoir repérer la tristesse chez les autres est un atout au quotidien. Cela vous permet de mieux comprendre ceux qui vous entourent et d’être paré à plus d’éventualités. De même, en étant plus à l’écoute des autres, vous serez plus apte à les aider et à accentuer vos relations sociales. Par ailleurs, être tourné vers les autres vous permet également d’être plus en phase avec vos émotions intérieures.
Leave A Comment