Entre films d’horreur, manèges à sensations et manoirs hantés, les attractions effrayantes ont de plus en plus de succès. Beaucoup moins drôles, les phobies ou les grandes peurs peuvent devenir des obstacles parfois insurmontables. Pourtant, cette émotion (comme toutes les autres) est utile au quotidien. Analyse…
Une émotion d’anticipation
La peur renseigne sur les dangers à venir qu’ils soient réels ou supposés. Particulièrement utile, elle initie le mouvement de fuite et a donc une action protectrice. Elle est l’outil le plus efface pour la survie de l’humanité car elle permet de diminuer les situations à risque ou, du moins, de limiter les dégâts.
On distingue les peurs dites « naturelles » comme celles de certains animaux (insectes, araignées, serpents) ou des espaces clos qui correspondent à d’anciens dangers mortels et les peurs dites « culturelles ». Ces dernières correspondent à des risques de dévalorisation sociale (peur de parler en public…). Alors que les peurs culturelles renvoient à la vie en communauté celles naturelles sont inscrites en l’Homme comme un instinct animal. Attention, naturelle ou culturelle, la peur reste subjective et chaque individu la perçoit selon ses propres prismes.
Un sensation particulière
L’épouvante est une émotion profondément psychologique : elle agit sur le cerveau en provoquant une agitation sur système nerveux qui produit de l’adrénaline afin de permettre au corps de se mettre en mouvement. Le rythme cardiaque et la respiration s’accélèrent et les muscles se contractent. L’effroi est une émotion inconsciente qui ne devient consciente que rétrospectivement : on ne tremble qu’une fois que le danger est passé.
La peur est l’une des grandes émotions primaires reconnaissable dans toutes les cultures. Son visage est marqué par des yeux grands ouverts et des sourcils relevés. La bouche s’ouvre avec un étirement sur les cotés, de manière très crispée. Lors de peurs extrêmes, on peut blêmir, le sang se concentrant sur les organes vitaux et sur les jambes pour aider à la fuite.
Initiatrice du mouvement de fuite
S’effrayer permet d’avoir un comportement sécuritaire pour soi et pour les autres. Les campagnes de prévention et d’information l’on bien compris : elle utilise la crainte de la mort plutôt que la présentation des attitudes sécuritaires et saines. Les paquets de cigarettes en sont un exemple flagrant.
Certaines peurs ont aussi un rôle de régulation sociale et motivent à avoir une conduite valorisée par la société. Il s’agit généralement d’inquiétudes collectives et psychologiques telles que la peur de la fin du monde même si elles sont parfois fondées sur des risques concrets (peur des maladies infectieuses). Elles enseignent aux populations les risques liés à la « sortie du rang » : par exemple, autrefois, la peur du diable et de l’enfer conduisait à avoir une attitude vertueuse tout au long de sa vie.
Une émotion parfois difficile à contrôler
Des études ont montré que 12% de la population seraient atteints de phobies, des terreurs intenses devant des situations où objets jugés sans danger. Elles portent souvent sur des éléments spécifiques (animaux, eau, vide…) mais aussi, dans certains cas, sur la vie en collectivité (phobies sociales ou agoraphobie). Le stress post-traumatique survient quand à lui à la suite d’un évènement traumatisant et enferme la personne dans sa terreur alors même qu’elle est à distance de la situation. Les malades revivent le traumatisme à travers des cauchemars et des flashbacks et peuvent avoir des comportements inhabituels face à des odeurs, sons ou sensations…
Ces maladies sont particulièrement contraignantes car elle obligent les personnes atteintes à éviter tout ce qui leur rappelle leur peur. Lorsqu’elles ne peuvent pas se détourner de l’objet de leur crainte, elles restent souvent paralysées et peuvent avoir des réactions disproportionnées. A terme, elles risquent un isolement social ainsi qu’une altération de leur qualité de vie.
Au contraire, certaines personnes ressentent moins la peur que la moyenne ou l’ignore plus facilement. Elles cherchent à se placer devant des situations ou des éléments que la plupart des gens souhaitent éviter. Elles expliquent ces prises de risques par la montée d’adrénaline que provoque le danger. Les risques sont clairs : ces personnes se mettent volontairement en danger et en paie souvent le prix, parfois mortellement.
La peur chez l’enfant
Les peurs naturelles et innées apparaissent chez les enfants au fur et à mesure de leur évolution et de leurs besoins de protection.
Jusqu’à 6 mois : L’enfant a peur de bruits forts et soudains ainsi que de la perte d’appuis.
De 6 à 12 mois : Il a parfois peur de visage inconnus ou d’objets apparaissant subitement dans son champ de vision
De 1 à 2 ans : Il a plus ou moins peur lors des séparation avec ses parents et en présence de personnes inconnues
De 2 à 4 ans : Il peut avoir peur de certains animaux, de l’obscurité, des masques ou des bruits nocturnes.
De 5 à 8 ans : L’inquiétude se porte plus facilement sur les être surnaturels, les « gens méchants » ou les blessures physiques.
La peur de la mort, quant à elle, apparait généralement entre 9 et 12 ans.
Attention, on a généralement tendance à minimiser les peurs de ses propres enfants. Si votre enfant parle de sa peur même en dehors des situations inquiétantes, que rien ne peut le rassuré et qu’elle semble ne pas correspondre à son âge, parlez-en avec le pédiatre qui pourra vous conseiller.
Apprendre à gérer son émotion
Acceptez votre peur
C’est une émotion naturelle qu’il est impossible d’éradiquer complètement. Il n’y a aucune honte à ressentir de la peur même lorsque les personnes qui vous entourent ne sont pas dans le même état. Essayez de vous connaitre et de d’analyser votre émotion : qu’a t-elle à vous dire sur vous même? Depuis quand est-elle présente ? Vous parait – elle justifiée ?
Développez un contrôle sur votre peur
La peur provient souvent d’un manque de maîtrise sur la situation. Vous pouvez essayer de palier à ce manque de maitrise en vous renseignant sur l’objet de votre crainte. Par exemple, si vous avez peur de l’avion, regardez quel type d’appareil vous allez prendre et chercher à connaitre son fonctionnement, informez-vous et demander s’il est possible de visiter le cockpit avant le décollage. Vous pouvez aussi apprendre des techniques de relaxation. Avoir une attitude active face à votre peur devrait vous aider à la maitriser plus facilement.
Confrontez vous à votre peur et regarder là en face
Approcher sa peur et l’affronter demande de procéder par étape en respectant les règles suivantes.
- Faites le uniquement si vous le souhaitez et sous votre propre contrôle. Il est totalement inutile, voire dangereux, de jeter quelqu’un souffrant d’aquaphobie dans une piscine pour lui prouver qu’elle ne risque rien.
- Mettez vous en présence de l’objet de votre peur de manière progressive. Par exemple, si vous avez peur d’un animal, commencez par regarder des images ou par entendre des sons.
- N’hésitez pas à prolonger le contact pour que celui-ci dure le plus longtemps possible. En effet, la peur diminue au bout d’un certain temps.
- Faites cet exercice régulièrement : faire diminuer une peur intense est un vrai travail qui demande du temps et de l’assiduité.
Sachez reconnaitre la peur chez l’autre et l’accompagner
La peur est très reconnaissable, respectez les émotions des autres. Il est important de vous adapter aux peurs des personnes qui vous entourent afin d’éviter de les augmenter.
N’hésitez pas à demander de l’aide
Certains médecins ou psychologues sont spécialisés dans l’accompagnement des peurs phobiques ou des stress post-traumatiques. Ils peuvent vous conseiller ou vous accompagner pour apprivoiser vos peurs. L’important est que vous ayez une qualité de vie normale.
Leave A Comment